Réflexion sur l’accompagnement d’un parent dans sa dernière saison de vie
Oct 11, 2023J’ai le privilège d’accompagner ma mère de 99 ans dans sa dernière saison de vie. Comme seul enfant vivant, c’est à la fois un devoir, un défi et aussi un privilège. Je disais à des amis dernièrement que c’est une expérience profondément humaine et émotionnelle qui peut apporter à la fois du réconfort au parent et à l’accompagnateur expérimenter un nouvel aspect de l’amour. Voici quelques réflexions et leçons apprises durant cette étape particulièrement sollicitante :
- Fournir un soutien émotionnel : Ma présence et mon écoute sont d’un grand réconfort pour ma mère qui se sent faible et vulnérable. Ses capacités cognitives sont grandement réduites, ce qui inclut l’incapacité à formuler une phrase et exprimer d’une manière compréhensible ses besoins primaires en plus d’être désorientée dans le temps et l’espace, elle est très fragilisée. Plus une personne perd ses capacités physiques et cognitives, plus elle dépend des siens et de ses aidants. Il faut être capable de comprendre les préoccupations et les sentiments du parent même si les mots qu’il exprime ne font aucun sens.
- Prendre soin de ses besoins physiques : En plus du déclin cognitif, il y a celui de la perte des capacités physiques. Selon l'état de santé du parent, tu peux être amené à suppléer aux simples tâches quotidiennes comme se nourrir, s’habiller, se laver ou se déplacer. Assure-toi de bien comprendre ses besoins spécifiques et si nécessaire, demande de l'aide de professionnels de la santé. Dans mon cas, la condition de ma mère requière une présence et des soins accrus; donc, des rencontres régulières avec le personnel aidant, des conversations avec son médecin, travailleuse sociale et autres sont souvent nécessaires. Beaucoup de décisions à prendre qui d’une semaine à l’autre sont à revoir pour continuer d’assurer son bien-être.
- Respecter ses souhaits et sa dignité : Un des défis est qu’il arrive souvent que le parent ait de la difficulté à reconnaître et d’accepter est la perte de ses capacités. Son jugement est amoindri et c’est l’accompagnateur qui doit prendre les décisions tout en essayant de respecter le plus possible les particularités du parent. Il arrive un moment ou la diminution des capacités physiques exige un soutien essentiel pour assurer son hygiène personnelle et cela doit se faire dans le respect de sa dignité. Je me souviens lorsque ma mère a commencé à m’appeler « Papa! » quand j’entrais dans son logement. Au début, je lui disais que je n’étais ni son père ni son mari mais son fils. Toutefois, j’ai dû réaliser que c’était sa façon, avec la perte de son vocabulaire, de m’exprimer sa tendresse et sa joie de voir quelqu’un qui lui était familier.
- Créer des souvenirs : Je profite de cette expérience pour vivre des moments privilégiés avec ma mère. Le rituel quand je la visite le soir au moment de la mettre au lit est de chanter des cantiques et je prier avec elle. C’est étonnant de la voir chanter des cantiques par cœur quand elle peine à dire quelques mots qui font du sens. Comme elle ne se souvient que du passé, ce fut important d’avoir des conversations significatives pendant qu’elle le pouvait encore. Le fait de regarder des photos ensemble et la voir se rappeler des événement et des personnes qui ont marqués sa vie, me la fait connaître davantage et apporte à chacun de beaux moments de joie et de complicité.
- Prendre soin de soi : Prendre soin d'un parent dans ses derniers milles peut être épuisant parce que les émotions sont très sollicitées. C’est pourquoi, il est nécessaire de ne pas s’oublier pendant cette période. Encore plus, l’accompagnateur-trice doit avoir des personnes avec qui partager ses états d’âme et ses réflexions s’il/elle veut garder son équilibre mental et émotionnel. Je suis tellement reconnaissant de pouvoir partager avec mon épouse et les membres de ma famille les émotions qui m’assaillent face au déclin et la grande vulnérabilité de ma mère. C’est également bon d’avoir des personnes pour prendre le relais de temps en temps pour pouvoir se ressourcer en voyant ses amis, faire une activité ou un sport qui nous détende et nous procure du plaisir et de la joie. Je suis tellement reconnaissant pour la famille qui visite ma mère régulièrement; mon épouse qui m’accompagne régulièrement et notre fille et gendre qui prennent la relève quand nous devons nous absenter. J’ai trouvé pratique une suggestion que des collègues m’ont fait de réfléchir et d’écrire sur « Ce que ça prend en tâches et en temps pour être la meilleure version d’un bon fils. »
Bref, accompagner son parent dans son « sprint final » est une expérience émotionnelle à la fois épuisante et humanisante. C'est une dernière occasion de lui témoigner de l'amour et de la reconnaissance et peut-être même de reprendre le temps perdu. Je réalise également que c’est une école pour mes enfants et petits-enfants qui, en nous regardant vivre cette étape avec sérénité, réalisent qu’au final, la famille est ce qu’il y a de plus important. De la naissance aux portes de l’éternité, nous aurons toujours besoin de l’amour et du soutien des nôtres pour nous aider à garder l’équilibre et trouver le courage nécessaire pour affronter les défis de la vie. Des valeurs comme l’amour, l’empathie, le respect, la patience, l’écoute, la présence, la reconnaissance et la tendresse sont indispensables à la vie du commencement à la fin. C’est une expérience qui vient enrichir et renforcer les liens qui nous unissent.
Restez connecté avec les nouveautés de CIS Leadership.